L’état de santé de quatre prisonniers d’opinion en Tunisie — Sihem Ben Sedrine, Mondher Lounissi, Mohamed Bou Ghalleb et Chadha Haj Mbarek — connaît une grave détérioration due à une détention prolongée et à des conditions carcérales sévères, ce qui suscite une inquiétude croissante en matière de droits humains.
Sihem Ben Sedrine, militante des droits humains et ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité, a entamé une grève de la faim qui a duré 13 jours pour protester contre son arrestation arbitraire et son absence de procès équitable. Cette grève a entraîné une détérioration significative de son état de santé, nécessitant son transfert à l’hôpital le dimanche 26 janvier 2025 pour des soins médicaux d’urgence.
Mondher Lounissi, dirigeant du Parti Ennahdha, a vu son état de santé se dégrader en raison de graves problèmes rénaux, aggravés par l’absence de soins médicaux adéquats en prison. Il a été transféré à l’hôpital le vendredi 25 janvier 2025, pour la deuxième fois, sans que sa famille en ait été informée, ce qui a alimenté de vives inquiétudes quant à une négligence médicale mettant sa vie en danger.
Mohamed Bou Ghalleb, journaliste détenu depuis mars 2024, souffre de multiples problèmes de santé, notamment de fortes douleurs à la prostate qui l’empêchent de s’asseoir normalement et d’une grave détérioration de la vue liée aux complications du diabète. Selon son frère, Mounir Bou Ghalleb, Mohamed a récemment subi des examens médicaux au cours desquels les médecins ont recommandé des séances de laser pour traiter son œil gauche. Cependant, son état de santé continue de se détériorer.
Chadha Haj Mbarek, journaliste arrêtée depuis le 22 juillet 2023 dans le cadre de l’affaire dite « Instalingo », subit de mauvaises conditions de détention à la prison de Messaadine, ce qui a eu un impact direct sur son état de santé. Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens a exprimé sa profonde préoccupation face à sa détention prolongée, soulignant que son dossier est de nature manifestement politique et comporte de graves violations de ses droits.
Déclaration de l’Observatoire pour la Liberté en Tunisie
L’Observatoire pour la Liberté en Tunisie condamne l’inaction des autorités tunisiennes face à la détérioration de l’état de santé des quatre prisonniers d’opinion et les tient pleinement responsables de leur vie et de leur sécurité. L’Observatoire insiste sur la nécessité de :
• Libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement.
• Garantir des soins médicaux appropriés à Sihem Ben Sedrine, Mondher Lounissi, Mohamed Bou Ghalleb et Chadha Haj Mbarek.
• Respecter les normes internationales relatives aux droits de l’homme et cesser d’utiliser la justice pour régler des comptes politiques.
L’Observatoire réitère son appel à la communauté internationale et aux organisations de défense des droits humains à suivre ces affaires de près, à faire pression sur les autorités tunisiennes pour qu’elles mettent fin aux violations et garantissent la sécurité des détenus, et à respecter les conventions internationales.