Le mardi 28 janvier 2025, le premier juge d’instruction du Pôle Judiciaire Financier a décidé de prolonger de quatre mois la détention provisoire de l’ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), Sihem Bensedrine, en attendant l’issue de l’affaire la concernant.
Le Pôle Judiciaire Financier avait déjà émis un mandat d’incarcération contre Bensedrine pour des accusations de fraude dans la préparation du rapport final de l’IVD. Ce rapport, qui documentait les violations des droits de l’homme sur plusieurs décennies, faisait partie du processus de justice transitionnelle en Tunisie. Cette affaire soulève des inquiétudes quant à la nature des poursuites engagées contre elle, qui reposent sur une plainte déposée par un ancien membre de l’IVD, ce qui laisse craindre un acharnement judiciaire à des fins de représailles. L’IVD avait en effet enquêté sur d’anciens responsables du régime Ben Ali impliqués dans des crimes ou des violations graves des droits humains.
Il est à noter que Sihem Bensedrine a été transférée à l’hôpital après avoir entamé une grève de la faim depuis 13 jours pour protester contre son arrestation. Cette situation a suscité de vives inquiétudes quant à son état de santé. Des organisations locales et internationales de défense des droits humains ont appelé à sa libération, afin qu’elle puisse bénéficier d’un procès équitable, tout en garantissant sa sécurité physique et psychologique en prison.
Commentaire de l’Observatoire pour la Liberté en Tunisie
L’Observatoire pour la Liberté en Tunisie exprime sa profonde préoccupation face à la détention prolongée de Sihem Bensedrine sans jugement définitif, alors que son état de santé continue de se détériorer en raison de sa grève de la faim. Il appelle à :
- Assurer des soins médicaux urgents, conformément aux normes internationales.
- Mener un examen juridique indépendant des conditions de sa détention et des charges retenues contre elle.
- Garantir un procès équitable, sans instrumentalisation politique de la justice.
L’Observatoire met en garde contre la poursuite de telles mesures, qui constituent une violation grave des droits humains et pourraient entraîner des poursuites internationales et des actions en justice afin de garantir le respect des normes légales équitables.