Tunis, le 5 juin 2025 – Le premier juge d’instruction du bureau n° 32 du Tribunal de Première Instance de Tunis a décidé de prolonger la détention du journaliste Mourad Zeghidi pour une durée supplémentaire de quatre mois, dans le cadre de l’affaire dite de “blanchiment d’argent” qui le vise, selon Me Ghazi Mrabet, membre de la défense.
Le 15 mai 2025, Zeghidi a comparu pour la troisième fois devant le juge d’instruction dans la même affaire, au cours de laquelle ses avocats ont renouvelé leur demande de mise en liberté provisoire pour leur client, détenu depuis près d’un an. Cependant, le tribunal n’a toujours pas statué sur cette demande, renforçant l’impression d’un blocage persistant de la procédure judiciaire.
Détention prolongée sans jugement
Il est à noter que Mourad Zeghidi n’a, à ce jour, jamais comparu devant une juridiction pénale, et aucune décision judiciaire définitive n’a été rendue à son encontre, malgré la durée prolongée de sa détention. Cela constitue une violation manifeste de la présomption d’innocence ainsi que des délais raisonnables de détention préventive tels que prévus par la loi tunisienne et les normes internationales relatives à un procès équitable.
La prolongation répétée de sa détention, en l’absence de décision judiciaire, exerce une pression psychologique et professionnelle considérable, en particulier au regard de la profession de Zeghidi en tant que journaliste et de son rôle dans l’expression d’opinions critiques sur les politiques publiques.
L’Observatoire pour la Liberté en Tunisie considère que la poursuite de la détention du journaliste Mourad Zeghidi sans jugement constitue une grave atteinte au droit à la liberté individuelle et à la présomption d’innocence. Elle révèle un usage abusif de la procédure judiciaire comme outil de pression politique contre les voix indépendantes.
L’Observatoire souligne la nécessité de respecter les normes internationales qui stipulent qu’une personne placée en détention préventive doit être libérée si l’État ne justifie pas sa détention par des éléments clairs, précis et documentés. Il appelle également à ce que Mourad Zeghidi bénéficie d’un procès équitable et rapide, ou à sa libération immédiate en l’absence de preuves crédibles.