La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme au Tribunal de Première instance de Tunis a décidé, lundi 25 novembre 2024, de reporter l’examen de l’affaire des « réseaux de transport de terroristes vers des zones de conflit » et de rejeter la demande de libération des détenus dans cette affaire, parmi lesquels figurent l’ancien Premier ministre, l’ancien ministre de l’Intérieur et vice-président du parti Ennahdha, Ali Laarayedh.
L’affaire porte sur des accusations d’incitation à la violence et de facilitation des voyages de centaines de Tunisiens pour combattre dans les rangs d’organisations terroristes armées, notamment en Syrie et en Irak. La liste des accusés inclut un ancien conseiller du ministère de l’Intérieur et d’autres responsables gouvernementaux, ainsi que des personnes suspectées d’appartenir à des groupes terroristes.
Le jugement de l’affaire a été reporté à la demande de l’équipe de défense des accusés afin de soumettre de nouvelles requêtes.
Contexte de l’affaire
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Kais Saied, le parti Ennahdha a été accusé d’avoir facilité les voyages d’extrémistes vers des zones de conflit durant sa période au pouvoir. Le parti a nié ces accusations, les qualifiant de tentative de déformation de son image et de couverture des crises politiques et économiques.
Dans une déclaration antérieure, le parti Ennahdha a considéré que « le ciblage systématique d’Ali Laarayedh constitue une tentative de règlement de comptes politiques et de couverture de l’échec des récentes élections législatives, boycottées par plus de 90 % des électeurs ». Il a exigé sa libération immédiate.
Commentaire de l’Observatoire « Liberté pour la Tunisie »
L’Observatoire « Liberté pour la Tunisie » estime que la détention continue de personnalités politiques dans des affaires mêlant dimensions politiques et judiciaires soulève des questions sur l’indépendance de la justice et le respect des droits des accusés.
L’Observatoire exprime son inquiétude face à l’utilisation de dossiers liés au terrorisme comme moyen de régler des comptes politiques, dans un climat marqué par une baisse des libertés et une augmentation des restrictions sur l’activité politique. Il appelle à respecter les droits de la défense et à garantir un procès équitable, tout en évitant toute instrumentalisation politique de la justice qui pourrait miner la confiance dans les institutions démocratiques et aggraver la crise des libertés en Tunisie.